Dans son dernier livre, déjà sorti en librairie, François Chérèque donne largement la parole aux salariés.
Pour ceux qui en doutaient encore, le secrétaire général de la CFDT ne reste pas muré dans les locaux de son siège, ne sortant de son bureau que pour se rendre à une réunion ou à un rendez-vous ministériel. Au contraire, il va même très fréquemment à la rencontre des militants et adhérents CFDT, mais également des salariés non adhérents, sur leurs lieux de travail.
Depuis plusieurs années, François Chérèque multiplie ainsi ces rencontres. Il ne rate jamais une occasion de visiter une entreprise ou une administration, afin de mieux connaître ceux qui travaillent dans les ateliers, les bureaux, parle avec eux de leurs conditions de travail. De ces rencontres il a fait un livre qui détonne en cette rentrée très « politique », où, à quelques mois de l’élection présidentielle, tout le monde y va de son opus, cherchant à glaner les voix de ceux qui travaillent – alors que le social en est étrangement absent. Pour le secrétaire général de la CFDT, il s’agit ici de donner la parole aux salariés. S’il raconte dans quelles conditions il se rend dans telle ou telle entreprise, il se place délibérément à l’arrière-plan. Les acteurs principaux de cet ouvrage, comme son titre l’indique, sont toutes celles et tous ceux qui travaillent, souvent dans l’ombre, parfois dans des conditions difficiles, mais toujours avec fierté.
Il ne s’agit pas d’un livre de plus qui analyserait savamment les conditions de travail, le burn-out ou la sociologie du travail. Non, ici, le syndicaliste reste dans l’un de ses rôles, celui de révéler la réalité d’un monde trop souvent mal connu, voire méprisé. On entre concrètement dans le vécu quotidien de ces salariés qui sont fiers de leur travail mais souffrent d’une non-reconnaissance de leur utilité sociale. De ceux qui, d’un secteur à l’autre, ont vu ces dernières années les changements dégradant leur vie au travail. C’est le cas, par exemple, de la fusion ratée à Pôle emploi, qui laisse un goût très amer à des agents qui n’ont pas les moyens de mener à bien leurs missions. À l’instar de cet ingénieur de Thales qui raconte : « On m’a supprimé mon bureau chaque matin, je dois récupérer un coffre sur roulette et demander à une hôtesse d’accueil de me donner le numéro d’un bureau où je serai affecté pour la journée. J’ai le sentiment de ne plus exister. » Et pourtant, des abattoirs à l’hôpital, en passant par les conducteurs de bus ou les auxiliaires de vie, toutes et tous aiment leur travail, s’y épanouissent souvent. Mais réclament d’être écouté(e)s. C’est exactement ce que François Chérèque a fait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire