jeudi 29 novembre 2012

"La CFDT doit être proche des jeunes et des précaires"

Pour sa première grande interview depuis son élection comme secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger se confie à Libération, le 29 novembre 2012, et évoque les grands chantiers qui l'attendent.

Quelle orientation comptez-vous impulser à la CFDT ?
Mon ambition, c'est de construire une CFDT proche de tous les salariés. Et notamment des jeunes, des précaires, et ceux des très petites entreprises (TPE). Bref, d'appréhender le salariat tel qu'il est, et ne pas se focaliser seulement sur ceux qui sont habituellement sous le feu de la rampe. Pour renforcer cette proximité, la CFDT doit s'appuyer sur son formidable réseau de militants, en accompagnant et en soutenant nos équipes de terrain... Le fait que je sois le premier secrétaire général issu du secteur des services est aussi une marque d'adaptation au nouveau contexte et au monde qui change. Nous sommes face à un salariat qui bouge plus qu’avant, où la frange des précaires s'est accentuée. Les organisations syndicales qui ne comprendront pas cela ne s'en sortiront pas.

Cette démarche n'est pas totalement nouvelle... Elle commence à porter ses fruits en terme d'adhésion ?
La syndicalisation reste difficile. La CFDT, comme les autres centrales, a perdu de nombreux adhérents lors des plans sociaux. La courbe des adhésions augmente pourtant, mais moins vite qu'au début des années 2000. Mais là où nous sommes à l'écoute des salariés, par des enquêtes de terrain, notamment, nous réussissons à faire adhérer. Par ailleurs, le crédit d'impôt pour les salariés non imposables qui adhèrent, voté par le Sénat, peut nous aider. A condition qu'il soit confirmé par l'Assemblée et que proposer l’adhésion devienne un réflexe pour nos équipes.  

Depuis hier, et jusqu'au 12 décembre, les salariés des Tpe peuvent procéder à un vote syndical. Une bonne nouvelle, justement, pour la syndicalisation ?
Certes, mais le problème, c'est qu’une partie du patronat n'a pas voulu que ce scrutin débouche sur des représentants des salariés, par exemple au sein de commissions territoriales. A l'époque du vote de la loi, les parlementaires UMP ont bloqué cette possibilité. Au final, les salariés des TPE voteront sur des sigles, et n'auront pas de représentants. Le seul intérêt, c'est que ce vote viendra renforcer la représentativité dans les branches professionnelles, où se négocient les conventions collectives.
  
Les sujets sociaux ne manquent pourtant pas dans les TPE...
C’est dans les TPE qu'il y a proportionnellement le plus de salariés au Smic. Pour la CFDT, il faut donc agir sur les rémunérations, via les conventions collectives. Il faudra aussi créer des espaces de représentation, pas forcément comme dans les grandes entreprises, mais de manière géographique et professionnelle, par exemple, où peuvent être abordées les conditions de travail. Nous avons déjà montré, par le biais d'accords dans certains bassins d'emplois, que l'on pouvait faire des choses pour les salariés des TPE. Ce sont des expériences qu'il faut généraliser.

Dans les grandes entreprises, Hollande propose une vraie innovation: l'entrée des salariés dans les conseils d'administration...
La réforme serait pour l'instant cantonnée aux entreprises de plus de 5 000 salariés, un seuil beaucoup trop élevé. Sinon, cela peut être utile. C’était d’ailleurs une demande de la CFDT. Il faut que la voix des salariés ait une valeur délibérative. Mais ce ne peut pas être l'alpha et l'oméga de l'implication des représentants du personnel dans la gouvernance des entreprises. Il faut aussi, notamment au sein des CE, qu'ils aient plus de pouvoir sur la stratégie et la responsabilité sociale vis-à-vis des salariés et des sous-traitants, et sur l'anticipation des mutations économiques. On ne lâchera pas là-dessus au prétexte de la présence de salariés dans les conseils d'administration.

La négociation sur la réforme du marché du travail semble quelque peu grippée...
Cette négociation est cruciale. Mais on ne peut pas demander aux salariés d'accepter que les entreprises aient besoin de plus de souplesse dans une économie mondialisée, sans leur apporter des droits supplémentaires. Le patronat doit comprendre cela.

Concrètement, que demande la CFDT ?
Nous voulons des avancées sur la précarité, et notamment rendre plus contraignante l'utilisation des contrats très courts. Aujourd'hui, trois salariés sur quatre décrochant un contrat de travail signent un contrat de moins d'un mois. Même chose pour les temps partiels imposés, qui touchent à 80% les femmes. Il nous faut donc des dispositifs qui responsabilisent les employeurs, avec des cotisations chômage dégressives en fonction de la durée des contrats. Par ailleurs, une partie des salariés hésitent à changer d’emploi de peur de perdre leur complémentaire santé, tout comme de nombreux chômeurs renoncent à des soins faute de mutuelle. Il faut pouvoir la sécuriser pendant 15 mois après avoir quitté l'entreprise, via un fonds financé par les employeurs. La CFDT souhaite que la reprise d'un travail reporte les droits à indemnisation chômage. Je peux comprendre qu'un chômeur qui a droit à 20 mois d'assurance chômage hésite face à un contrat de travail de trois mois s’il risque de perdre tous les droits qu’il a acquis.

Qu'êtes vous prêts à lâcher en échange ?
La question ne se pose pas comme ça. Dans de nombreuses entreprises en difficulté, des accords “maintien de l'emploi” - où les salariés acceptent des efforts en échange d'un non licenciement, ndlr - existent déjà. Tous les syndicats ont signé ce type d’accord. Il faut les encadrer. Qu'ils soient approuvés de façon majoritaire, qu'ils soient à durée déterminée, et qu'il y ait des engagements de maintien de l'emploi. Les salariés qui refusent doivent être licenciés pour motif économique, avec une aide au reclassement. Quand il y a de grosses difficultés économiques, de tels accords permettent de sauver les emplois. Enfin, nous sommes prêts à sécuriser juridiquement les plans sociaux pour les employeurs, à partir du moment où il y a un constat commun sur les difficultés économiques, un accord d'entreprise sur les parcours professionnels des salariés et une validation par l'administration.

Le patronat a déjà eu son cadeau, via un crédit d'impôt de 20 milliards...
Il s’agit seulement d’une des mesures que le gouvernement a prise avec son "pacte". Cela ne nous choque pas, car ce dispositif va redonner de la compétitivité aux entreprises. Mais il faudra discuter avec les employeurs de ce que l'on fait de cette marge supplémentaire. Car le rapport Gallois dit aussi que ces efforts sur la compétitivité n'ont de sens que s'il y a un vrai dialogue social. Si le patronat ne le comprend pas, la CFDT demandera en janvier des contreparties à cet investissement. Par ailleurs, on ne nous dit rien sur les 10 milliards d'économies prévues. J'appelle le gouvernement à ouvrir très vite la discussion sur le rôle de l'Etat, du service public et de la place des agents car ce chantier ne pourra pas se mener sans les organisations syndicales et les agents, dont les conditions de travail se sont dégradées ces dernières années.

Comment jugez-vous les six premiers mois du gouvernement ?
Je constate un changement de méthode et un retour du dialogue, notamment sur le contrat de génération ou la négociation sur la sécurisation de l'emploi. Mais je suis en désaccord sur le non rétablissement de l'Allocation équivalent retraite (AER). François Chérèque n'a pas ménagé ses critiques ces derniers mois, et je continuerai à le faire. Quand nous sommes entendus, c'est bien, quand nous ne le sommes pas, comme sur l'AER, nous nous manifesterons. La CFDT restera exigeante et constructive, c’est à cela que tient son autonomie.
Propos recueillis par Luc Peillon et Frédérique Roussel

mercredi 28 novembre 2012

Laurent Berger nouveau secrétaire général de la CFDT


Laurent Berger a été élu secrétaire général, de la CFDT, le 28 novembre 2012. Véronique Descacq a été élue secrétaire générale adjointe.

A l’issue des travaux de la première journée de l’assemblée générale de la CFDT, le Bureau national s’est réuni pour élire Laurent Berger nouveau secrétaire général. Il succède à François Chérèque.

mardi 27 novembre 2012

Les pouvoirs de Groupama sur ses caisses régionales bientôt renforcés

C'est un article qui tombe du ciel dans le projet de loi sur la réforme bancaire et financière.

Ce texte, qui doit être présenté en conseil des ministres le 19 décembre et dont « Les Echos » se sont procuré une copie, consacre en effet un passage à... Groupama. 

Son article 22 ancrera dans la loi la définition de Groupama SA comme « l'organe central » de l'assureur mutualiste. Les pouvoirs du holding se trouveront ainsi singulièrement renforcés vis-à-vis des caisses régionales, puisque celui-ci pourra révoquer leurs directeurs généraux ou « procéder à la révocation collective des membres de leur conseil d'administration ». La nomination des directeurs généraux des caisses régionales sera par ailleurs soumise à l'approbation de Groupama SA.

Ce texte ne ferait en fait qu'aligner Groupama sur les règles de gouvernance qui prévalent dans les banques mutualistes. Que ce soit par exemple au Crédit Agricole ou chez BPCE (Banques populaires et Caisses d'épargne), les directeurs généraux des banques régionales sont nommés une fois l'aval de l'organe central obtenu. De même, les conseils d'administration ou conseils de surveillance peuvent être révoqués en cas de manquement grave à leurs obligations réglementaires notamment. Les cas sont rares mais on peut, par exemple, citer au Crédit Agricole le cas de la caisse régionale de Corse qui avait été placée dans les années 1990 directement sous la tutelle de l'organe central à la suite d'importants problèmes juridiques.

Les difficultés rencontrées par Groupama l'an dernier pourraient ne pas être étrangères à l'introduction de cet article dans le projet de loi. Il est ainsi écrit que l'organe central « prend toutes mesures nécessaires pour garantir la solvabilité et le respect des engagements » de chacun des organismes qui le composent.
Ce qui peut sembler paradoxal alors que l'an dernier c'est l'organe central de l'assureur qui a été l'origine de ses déboires.

Comme il est expliqué dans le document de référence de Groupama, Groupama SA assure aujourd'hui « le pilotage des activités opérationnelles du groupe et des filiales », tout en étant le réassureur des caisses régionales.

Les echos.

Cotisation syndicale et crédit d’impôts : Enfin l’équité !

Le Sénat vient de voter la création d’un crédit d’impôt pour les salariés adhérents à un syndicat et qui ne sont pas imposables. Le gouvernement a annoncé son appui à cette proposition.

La CFDT se réjouit de ces décisions qui établissent enfin une équité entre les salariés. Le crédit d’impôt permettra en effet aux salariés de récupérer les deux tiers de leur cotisation syndicale qu’ils soient ou non imposables.

C’est une très ancienne revendication de la CFDT qui se concrétise. Cette mesure d’équité est aussi une incitation à rejoindre une organisation syndicale, moyen pour de nombreux salariés de défendre leurs intérêts et les intérêts collectifs des salariés dans un monde en profonde mutation.

La CFDT attend de la suite des travaux du Parlement une adoption définitive de ce projet de loi.

dimanche 25 novembre 2012

"Le coût du travail doit être plus élevé pour ceux qui proposent des contrats courts"


Dans un long entretien accordé au Nouvel Observateur du 22 novembre 2012, François Chérèque revient sur les grands sujets sociaux du moment : le pacte de compétitivité et la négociation sécurisation de l'emploi, mais également sur son départ de la tête de la CFDT prévu pour le 28 novembre.



Etes-vous satisfait du pacte de compétitivité de François Hollande ?
Dès la fin de l'été, j'ai dit que la France souffrait d'un problème de compétitivité qui portait, entre autres, sur le coût du travail. Plutôt qu'un crédit d'impôt, nous étions favorables à un transfert sur la CSG des charges patronales -, les allocations familiales -, tout en protégeant le pouvoir d'achat des salariés. La CSG repose aussi sur les revenus du patrimoine et du capital. Mais la hausse de la TVA reste modérée. Et surtout, que les restaurateurs ne viennent pas râler! Le crédit d'impôt compense largement la hausse à 10% de la TVA qui leur sera appliquée. La vraie question, pour nous, ce sont les 10 milliards d'économies qu'il va falloir trouver au niveau des dépenses de l'Etat. Quelles seront les politiques publiques remises en cause ? Qui va trinquer? Les fonctionnaires? Encore eux? Le gouvernement n'en dit rien.

C'est un vrai tournant !
C'est un virage pragmatique, bien venu. Il y a les promesses de campagne et la situation que l'on trouve quand on arrive au pouvoir. Mais nous voulons des contreparties.

Lesquelles ?
Au troisième trimestre, la France a perdu 54000 emplois. La grosse majorité des nouveaux chômeurs vient de terminer une mission d'intérim ou un contrat à durée déterminée. Si ce n'est pas de la flexibilité, ça ! Les entreprises préfèrent prendre des intérimaires pour pouvoir s'en débarrasser sans problème. Alors, de deux choses l'une, soit nous nous mettons d'accord pour définir un nouveau système très puissant pour lutter contre le chômage tout en permettant aux entreprises de retrouver leur compétitivité, soit on n'arrive pas à conclure et, dans ce cas, nous demanderons au gouvernement de remettre en cause le pacte de compétitivité. Sans accord sur la réforme du marché du travail, il manquera une pièce au puzzle. Ce sera comme une petite dévaluation qui n'aura aucun effet à long terme. Sur ce sujet, nous ne calerons pas ! Regardez Renault : cette entreprise vient d'engager des négociations sur la compétitivité. La direction dit qu'elle ne fermera pas ses usines en France si un accord est trouvé. Mais quelles garanties pour les salariés ?

Quelles sont vos exigences ?
Pour les précaires, les cotisations chômage des entreprises doivent être modulées en fonction de la durée des contrats, en privilégiant celles qui fidélisent les salariés. De ce fait, le coût du travail doit être plus élevé pour celles qui proposent des contrats courts. Toujours sur la sécurisation professionnelle, nous voulons améliorer les droits des salariés licenciés : formation, accompagnement dans le retour à l'emploi, généralisation des complémentaires santé... Trop de personnes ne sont couvertes par aucune mutuelle. Enfin, le chômage partiel dans les périodes difficiles est sous-utilisé en France.

Et vos éventuelles concessions ?
On ne peut pas parler de concessions, mais de possibilité de négocier des accords de sauvegarde de l'emploi dans les entreprises par la modulation temporaire de certains droits sociaux (chômage partiel, organisation et temps de travail, etc.), avec une clause de retour en arrière en cas d'amélioration de la situation. Il faut aussi que les patrons acceptent d'anticiper les difficultés en discutant des stratégies avec les représentants du personnel.

Le rapport Gallois suggère de donner de vrais pouvoirs aux représentants des salariés dans les conseils d'administration. Il évoque la présence de quatre représentants dans les entreprises de plus de 5 000 salariés.
C'est une de nos demandes, mais allons plus loin dans le cadre de la négociation en donnant de réels pouvoirs aux instances de représentation du personnel, quelle que soit la taille de l'entreprise, sur l'anticipation des évolutions économiques des entreprises et le partage de la valeur ajoutée.

C'est de la cogestion...
Pourquoi pas  En tout cas, c'est un pas dans ce sens. Il ne nous fait pas peur. Le patronat doit sortir de ses vieux schémas et intégrer un élément essentiel du rapport Gallois : le dialogue social et le partage des informations sont des facteurs de compétitivité. Le patronat doit cesser de confondre souplesse et précarité.

Le rapport que devait rendre le Haut Conseil du Financement de la Protection sociale en janvier est reporté à mai...
Le problème du financement de la protection sociale reste entier. Ce n'est pas qu'un problème de compétitivité, mais aussi de justice. Nous voulons basculer une partie des cotisations sur la CSG en soulageant partiellement la charge des entreprises et celle des salariés. Ce sera aussi l'occasion de parler du financement de la perte d'autonomie en faisant participer les retraités qui en ont les moyens. Il s'agirait d'aligner le taux de CSG des retraités les plus aisés sur celui des salariés. C'est une mesure juste et solidaire entre générations.

Le président de la République a fixé à 3% du produit intérieur brut le déficit budgétaire en 2013...
Ce sera difficile. Les chefs d'Etat et de gouvernements européens doivent donner plus de temps pour y parvenir. Voilà pourquoi nous avons manifesté le 14 novembre dernier partout en Europe à l'appel de la Confédération européenne des syndicats, qui propose aussi la négociation d'un pacte social européen.

Comment expliquez-vous les couacs du gouvernement ?
Il y a trop de ministres ! Une quarantaine en période de restriction budgétaire, c'est choquant. Tout cela pour respecter la parité sans réduire le nombre d'hommes ! La parité était aussi possible en réduisant le nombre de ministres...


Vous allez quitter vos fonctions, fin novembre, pour rejoindre l'Inspection générale des Affaires sociales. Quel bilan tirez-vous de vos trois mandats et de la crise de 2003 ?
La réforme des retraites de 2003, où des adhérents nous ont quittés, nous a paradoxalement permis de renforcer la cohérence de la CFDT. Toute la CFDT, à tous les niveaux, assume désormais notre caractère réformiste. C'est en effet par le compromis et la négociation que nous par viendrons à transformer la société. La CFDT est devenue l'organisation syndicale la plus implantée dans les entreprises privées et a retrouvé son rang dans les fonctions publiques.

Quels rapports entretenez-vous, aujourd'hui, avec la CGT ?
Au cours de ces dix années, nous avons eu, dans un premier temps, une incompréhension mutuelle, en 2003, lors de la réforme des retraites. Puis, avec la bataille contre le contrat première embauche (CPE) en 2006 et la réforme de la représentativité, nos rapports sont devenus plus consensuels, jusqu'à la lutte contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, je m'interroge quand Bernard Thibault interpelle François Hollande sur le thème : « Vous négociez trop, décidez ! » Nous sommes alors dans une différence de fond sur nos conceptions de la démocratie et le rapport entre la loi et la négociation, que François Hollande veut inscrire dans la Constitution. Mais la CGT n'est pas seule sur ce terrain. Je me demande d'ailleurs si le président n'est pas un spécimen rare de social-démocrate en France.

Des remords, quand même ?
Il y en a toujours. D'abord, nous n'avons pas réussi à faire progresser suffisamment le nombre de nos adhérents.

Comment y parvenir ?
Il faut accorder plus de pouvoir à la négociation dans l'entreprise permettant de modifier concrètement la situation des salariés. Le syndicalisme deviendra alors plus attractif. C'est aussi l'un des enjeux des négociations engagées. Cette évolution devra avoir lieu dans les fonctions publiques. Mais les travaux d'évolution de notre fonctionnement doivent nous faire progresser et nous amener plus en proximité des salariés, développer les services aux adhérents, renouveler nos responsables, ne pas être représentatifs uniquement de ceux qui ont un emploi, mais aussi des exclus du travail. Laurent Berger, qui va me succéder, peut réussir ces changements Par son expérience, il connaît bien la vie des précaires. Et du courage, il n'en manque pas !

Propos recueillis par Martine Gilson

jeudi 22 novembre 2012

Ce qui nous pousse au zèle (puis au burn out)


Yoan travaillait chez EDF, il répondait aux particuliers par téléphone et leur proposait des services gratuits (prélèvement automatique, informations sur la consommation, etc.). Quand le marché a été ouvert à la concurrence en 2007, ces services sont devenus payants. On lui a demandé de faire du chiffre. Il a d’abord résisté, malgré les objectifs fixés, les challenges organisés, les primes versées :

« C’était un choix de ne pas vendre des services quand ce n’était pas nécessaire. Je voulais continuer à rendre service gratuitement. Cela correspondait à mes valeurs. »

Et pourtant... Au bout de quelques mois :
« Je me suis mis à culpabiliser de ne pas vendre assez. Je me suis mis la pression. Jusqu’à prendre l’initiative de rédiger un argumentaire pour recenser tout ce que nous pourrions répondre aux objections des clients auxquels on propose des service à vendre. Je l’ai soumis à la direction, qui a trouvé le document très utile. J’ai été félicité. »

Yoan ne comprend toujours pas ce qui a pu le pousser, de lui-même, à en faire plus que ce qui lui était demandé, à se donner plus de travail, à dépasser les consignes.
Il n’est pourtant pas le seul. Chez Publicis Consultants, Eric constate le même comportement chez certains de ses collègues :
« Certains sont devenus plus exigeants que les managers eux-mêmes. Ils restent tard le soir, ils cherchent à montrer qu’ils font mieux que les autres, alors qu’ils sont à la limite du burn out. »
Mais pourquoi aller jusqu’à dépasser les exigences de sa hiérarchie, au risque d’y laisser la santé ?


Un management par la culpabilisation

A force de chercher, Yoan pense avoir trouvé une première explication :
« Chez EDF, des objectifs d’équipe nous étaient fixés. Du coup, les autres commençaient à me regarder d’un mauvais œil, je plombais le résultat global en ne vendant pas. »
Pour le conseiller clientèle, c’est le résultat d’un « management par la culpabilisation », qui « fonctionne très bien » : le manager n’a rien à demander, il compte sur le fait que les salariés ne veulent pas pénaliser les collègues.
« On se met à faire la police nous-mêmes en fait, à nous autoréguler. »


Avoir la prime, garder son poste

Autre situation, constate le sociologue Stéphane Le Lay : la mise en concurrence entre salariés, qui incite à faire mieux que le collègue et, donc, à rester plus tard le soir, à décrocher plus de contrats, à vendre plus de produits, à abattre toujours plus d’ouvrage.

Pour le chercheur, dans les deux cas, les motivations sont les mêmes :

•la peur de perdre son emploi  ; 

•la volonté de toucher la prime ou d’être promu ; 
•la peur d’être sanctionné  ; 
•la peur d’être disqualifié, d’être en échec personnel, de « ne pas être à la hauteur à ses propres yeux ou aux yeux de son entourage ».




« Des motifs égoïstes »

Mais pourquoi de tels mécanismes ne fonctionnent-ils pas chez tous les salariés ? Pourquoi certains appliquent-ils strictement les consignes, d’autres sont-ils tire-au-flanc ou résistent, quand certains se laissent envahir par le boulot ?

Yoan, chez EDF, pense avoir cédé à la culpabilité par solidarité. Mais à y réfléchir un peu plus, pas seulement :
« Quand j’ai rédigé mon argumentaire – que personne ne m’avait demandé –, j’ai essayé d’en faire plus là où j’étais fort, pour pouvoir dire : ’’Chef, regardez, je fais ça bien, je ne fais pas que du mauvais, tenez-en compte. » Pour être bien vu, pour être reconnu. Ce sont des motifs égoïstes, au final, qui m’ont animé. »


Etre le chouchou

Pas « égoïstes », mais « intérieurs », estime Clothilde Lalanne. Pour la psychanalyste, les salariés qui ont besoin d’en faire plus, et surtout de le faire savoir, cherchent avant tout à « gagner quelque chose ».
La conscience professionnelle, la solidarité, et même la crainte de perdre son emploi viennent après :
« En période de crise, la crainte de perdre son poste est plus vive, certes, mais tout le monde ne réagit pas de la même manière. Seuls certains décident de travailler plus sans que cela leur soit demandé. »
Ceux qui ont besoin de :
• acquérir de l’amour ; 

• être le chouchou (comme dans la fratrie ou comme à l’école) ; 
• faire comme leur père, qui a toujours beaucoup travaillé : reproduire un schéma familial 
• se faire du mal, ne pas se respecter, au détriment de la vie personnelle, du sommeil, de la santé ; 
• éviter certaines situations : la personne peut par exemple craindre d’avoir du temps chez elle, alors que sa vie conjugale est tendue.




Une réaction à la crise ?

Ce que constate également Eric Diemer, créatif chez Publicis Consultants, une entreprise « soi-disant en sureffectif » :
« Dans mon service, nous sommes 40, et seules une dizaine de personnes s’autoproclament plus performantes que les autres, se prenant pour des petits chefs. Il y a des collègues qui réagissent à l’inverse face à cette culture d’entreprise, en disant : “Je fais le boulot qu’on me demande de faire”, “Arrête de fayoter”... »

Un délégué syndical identifie trois types de comportements dans son entreprise :

• ceux qui jouent les petits chefs et veulent montrer qu’ils travaillent plus ; 

• ceux qui travaillent beaucoup mais se taisent 
• ceux qui luttent contre la pression.



La première catégorie se serait développée depuis dix ans, estime Eric, 53 ans :

« Ça touche surtout les jeunes, qui finissent à pas d’heure et s’en plaignent, tout en montrant qu’ils en font plus que les autres. Dès l’école de commerce, ils ont intégré la pression globale. Et en entreprise, ils deviennent Shiva – à effectuer trois ou quatre tâches à la fois – sans même qu’on le leur demande. »

mardi 20 novembre 2012

NAO (20/11/2012)


Diffusion du compte rendu de la première réunion des NAO aux adhérents CFDT.

Loin d'être brillant !


jeudi 15 novembre 2012

mercredi 14 novembre 2012

"Le patronat doit sortir du bois sur la sécurisation de l'emploi"


Dans une interview aux Echos du 14 novembre 2012, Laurent Berger met la pression sur patronat et lui demande de faire "de véritables propositions" dans la négociation sur la sécurisation de l'emploi.

Le chef de l'Etat a affirmé que le gouvernement « avait pris ses responsabilités » avec le pacte de compétitivité et appelé les syndicats et le patronat à prendre les leurs en concluant un compromis « historique » sur l'emploi. Vous a-t-il convaincu et êtes-vous prêt à jouer le jeu ?
La CFDT était déjà convaincue de l'importance de cette négociation. Nous sommes prêts depuis des mois et nous avons déjà montré notre volonté d'avancer. Si le patronat ne proposait pas de nouveaux droits pour les salariés, nous ne comprendrions pas que le gouvernement maintienne en l'état son pacte de compétitivité.

Début octobre, François Chérèque avait alerté contre le risque d'un « échec historique » de la négociation. Vos craintes ne se sont donc pas apaisées depuis ?
Il y a déjà eu quatre réunions mais la négociation n'a, en réalité, toujours pas commencé. Toutes les organisations syndicales autour de la table ont fait leurs propositions et nous attendons toujours celles du patronat. La balle est dans son camp. Il y a urgence.

Pourquoi dites-vous cela ? Le patronat a fait de premières propositions lors de la dernière séance de négociation, le 25 octobre...
Nous l'avons dit à la sortie de la réunion, ce n'était pas de véritables propositions, c'était de la provocation. Le patronat nous a demandé du temps la dernière fois. C'est pour cela qu'il n'y a pas eu de séance de négociation jeudi dernier. Maintenant, il doit sortir du bois et faire de véritables propositions sur les quatre thèmes de la négociation : lutte contre la précarité, anticipation sur les évolutions de l'emploi, amélioration des dispositifs de maintien dans l'emploi et des procédures de licenciement. Et ce dès aujourd'hui.

C'est-à-dire ?
C'est simple. S'ils nous remettent un texte seulement demain, pendant la séance de négociation, nous ne pourrons pas travailler sérieusement. On aura alors un sérieux problème de méthode.

Concrètement, qu'attendez-vous du patronat ?
Le gouvernement vient de proposer un crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour la compétitivité des entreprises. Ce dispositif ne peut pas exister sans contrepartie pour l'emploi ni garanties nouvelles pour les salariés. Nous attendons du patronat qu'il nous dise ce qu'il tire des propositions des organisations syndicales sur les contrats courts, s'il est prêt à reprendre la demande de la CFDT d'une complémentaire santé pour tous les salariés, les évolutions qu'il propose sur le dialogue avec les représentants des salariés sur les questions économiques, sur l'aide à l'évolution professionnelle des personnels, et notamment la formation, ainsi que sur l'amélioration des garanties pour les salariés licenciés. La CFDT a mis son mandat de négociation sur la table, qu'il fasse de même pour qu'on puisse enfin véritablement commencer à négocier.

S'il ne répond pas à vos demandes, vous envisagez de claquer la porte ?
Ce n'est pas dans les habitudes de la CFDT de claquer la porte. On n'est pas dans du théâtre. Nous mesurerons demain si le patronat a vraiment la volonté de négocier ou pas. Pour l'instant, il n'en a donné aucun signe tangible. Si la négociation ne démarre pas maintenant, nous risquons d'avoir une réaction très ferme.


Propos recueillis par Leïla de Comarmond

lundi 12 novembre 2012

Le palmarès des jobs qui attirent les psychopathes

C’est le buzz de la semaine dans le secteur de l’emploi : parmi les 10 métiers qui compteraient le plus de collaborateurs présentant des caractéristiques psychopathiques, on retrouve : les chefs d’entreprise, les avocats, les figures médiatiques, les chirurgiens, les  journalistes et les chefs cuisinier… Autrement dit, majoritairement des cadres.

Ce palmarès est issu du dernier opus du psychologue Kevin Dutton « The Wisdom of Psychopaths » (La sagesse des psychopathes) publié le 16 octobre. Soulignons cependant que, dans la définition de Dutton, les personnalités concernées peuvent présenter les traits typiques de la psychopathie (le charme, la confiance en soi, la froideur, l’impulsivité, l’insensibilité, etc.), sans pour autant être un danger pour la société. Au contraire, ces caractéristiques se révèleraient même être un atout sur le plan professionnel.

« Les psychopathes sont sûrs d'eux-mêmes. Ils ne procrastinent pas. Ils se focalisent sur les choses positives. Ils ne s'en veulent jamais de rien, ne se reprochent pas quoi que ce soit quand quelque chose se passe mal, même s'ils en sont responsables. Et ils supportent très bien la pression. Ces caractéristiques ne sont pas importantes seulement dans les affaires, elles le sont aussi au quotidien.» écrit Kevin Dutton.
L’auteur livre également la liste des 10 métiers où l’on trouve le moins de psychopathes. Or parmi eux le psychologue ne dénombre que trois fonctions incombant aux cols blancs : thérapeute, enseignant et médecin. Selon lui, ces professionnels seraient plus à l’abri des dérives psychopathiques que les autres car ils travaillent pour aider les autres, dans l’humain et le social à l’inverse des PDG et autres cadres sup’ qui passeraient leur temps à maîtriser leurs émotions pour prendre des décisions stratégiques et calculées.


http://www.cadremploi.fr/

samedi 10 novembre 2012

Du rififi chez les capitalos !


Inutile de vous précipiter sur un dictionnaire de cinéma ou sur votre moteur de recherche préféré, du « rififi chez les capitalos » n’est pas le titre d’un nanar des années 60 scénarisé par un émule d’Audiard. C’est ce que nous avons trouvé de plus pertinent (et aussi de plus accrocheur) pour évoquer le psychodrame qui a agité le petit monde de la finance suite à la décision de la direction de Groupama de ne pas verser les intérêts, le coupon, du titre supersubordonné FR0010533414 (c’est son nom de code).


Pour nombre d’entre nous, au moins jusqu'à la lecture de la presse économique du lundi 8 octobre, TSS signifiait Tout Sauf Sarkozy ou encore Tarif Spécial de Solidarité (EDF). En finance, les TSS, les titres supersubordonnés, sont des obligations perpétuelles, des emprunts à durée indéterminée dont le remboursement s’effectue au gré de l’ emprunteur. L’intérêt annuel versé est soumis à une condition d’atteinte de résultat. 
Qui pourrait imaginer que les souscripteurs de TSS qui sont des organismes collecteurs d’épargne, des sociétés d’investissement, des fonds de pension, ceux que l’on regroupe sous le vocable des zinzins (les investisseurs institutionnels), ne connaissaient pas le risques encourus ? Le contrat d’émission de l’obligation stipule que l’emprunteur a la possibilité, mais non la contrainte, de verser les intérêts. 

Qui pourrait imaginer qu’un produit d’épargne qui affiche un taux de 6,298% par an ne comporte aucun risque ? 
La décision de ne pas verser les 63 millions d’euros de coupon au 22 octobre 2007 n’est pas passé inaperçue (doux euphémisme). Si la presse économique a relayé l’information de manière objective, il n’en a pas été de même des sites internet spécialisés ou des blogs tenus par des ultralibéraux désorientés mais pas désargentés qui ont fondu sur Groupama comme un nuage de criquets fond sur un champ de sorgho malgache. En organisant un remarquable enterrement de première classe le site contrepoints.org a été en première ligne dans ce matraquage où les rumeurs et les approximations deviennent des vérités assenées ! A la lecture de plusieurs « points de vues » tous plus anxiogènes les uns que les autres, nous n’avons pas trouvé trace du mot « salarié ». 
Et pourtant ils rament les salariés pour expliquer aux clients affolés que le groupe n’est pas en faillite, que leurs économies placées à GG Vie ne se sont pas diluées dans les vagues du tsunami médiatique provoqué par des blogueurs obsédés par les taux d’intérêt et parfois instrumentalisés par une concurrence pas toujours très loyale. Personne n’en parle de ces salariés qui portent le poids des errements capitalistiques d’une mutuelle et de ses dirigeants qui avaient ambitionné, sans rire, de rentrer dans le top 10 des assureurs européens ! Des salariés qui risquent de payer encore pendant plusieurs années par une modération salariale (encore un euphémisme) les conséquences de la crise que traverse le groupe. Les agences de notation fidèles à leur logique purement financière ont bien entendu dégradé la note la communication, pour le moins laconique, de la direction générale du Groupe n’a rien fait pour expliquer les tenants et les aboutissants de la décision qu’elle a prise le 5 octobre sûrement avec l’aval de l’Autorité de Contrôle Prudentiel.

Les négociations salariales s’annoncent difficiles cette année, les salariés de Groupama qui participent par leur travail conséquent au redressement du Groupe aimeraient bien qu’une partie des 41 millions (montant après impôts de l’économie réalisée par le non versement du coupon) viennent récompenser pécuniairement leur investissement (laborieux celui là). Cela ne calmerait sûrement pas le microcosme financier mais viendrait mettre du beurre dans les épinards de salariés qui voudraient bien consommer un peu plus pour remettre la France et l’Europe sur le chemin de la croissance.


Edito extrait du n°9 de la revue nationale CFDT Groupama "Ça se Passe chez Nous"

vendredi 9 novembre 2012

Carrières longues : qui peut bénéficier des nouvelles mesures ?

Depuis le 1er novembre, plus 100 000 salariés qui ont commencé à travailler jeunes peuvent bénéficier du dispositif carrières longues assoupli et partir à la retraite avant 60 ans.


jeudi 8 novembre 2012

Compétitivité : l’allègement du coût du travail oblige à des contreparties pour les salariés


Le rapport Gallois remis au gouvernement le 5 novembre a finalement été largement repris par le gouvernement qui a présenté les grandes lignes de sa réforme visant à "doper la compétitivité de la France".

Suite à la remise du rapport de Louis Gallois, le gouvernement annonce ainsi un allègement de 20 milliards d’euros du coût du travail sur trois ans, sous forme de crédit d’impôt. Pour la CFDT, « une telle mesure nécessite des contreparties en termes de qualité de l’emploi » (réduction de la précarité, formation, conditions de travail), notamment à travers la négociation sécurisation de l’emploi, sur laquelle le patronat refuse pour l’heure de s’engager positivement. « Le crédit d’impôt compétitivité emploi doit donc être conditionné à la réussite de la négociation et à l’obtention d’améliorations concrètes pour les salariés », poursuit le secrétaire national Patrick Pierron dans un communiqué de presse du 6 novembre.

D’autant que si le coût du travail est un élément important de la compétitivité, il n’est « qu’un des éléments à prendre en compte » dans le débat, ce que laisse entendre l’essentiel des autres propositions du rapport Gallois. La CFDT approuve d’ailleurs l’intégration par le gouvernement de « la majorité des propositions traitant de la compétitivité hors-coût, en matière d’investissement, de formation, de recherche et de développement », qui témoignent à la fois du retard français dans ces domaines, et de « l’importance du dialogue social pour développer la compétitivité de notre pays ».  

Cependant, la CFDT s’inquiète d’une hausse de la TVA essentiellement supportée par les consommateurs, celle-ci devant être « compensée pour les entreprises par la réduction fiscale dans le cadre de l’allègement du coût du travail ». Une décision qui vient confirmer la certitude déjà avancée par la Confédération en amont de la remise du rapport : « baisser le coût du travail de 30 milliards d’euros en deux ans est impossible sans toucher au pouvoir d’achat des salariés, ce qui ne manquerait pas d’impacter négativement la consommation, déjà en berne », explique Véronique Descacq, la secrétaire nationale de la CFDT chargée de l'économie.

Anne-Sophie Balle

mardi 6 novembre 2012

Rapport Gallois, et après?

Diffusion aux adhérents CFDT :

- des 22 propositions du rapport Gallois
- des décisions du gouvernement suite au rapport 
- du communiqué de la CFDT suite aux décisions du Gouvernement

Qualité de vie au travail à Groupama (26/10/2012)

Diffusion aux adhérents CFDT du compte rendu de la réunion du 26 octobre relative à la Qualité de vie au travail à Groupama

lundi 5 novembre 2012

Le CAS préconise le sport pendant les heures de boulot

La dernière note d’analyse du très sérieux Centre d’analyse stratégique (CAS) invite les employeurs… à favoriser la pratique sportive de leurs salariés pendant les horaires de travail. Voici les arguments de cette institution d'expertise et d'aide à la décision placée auprès du Premier ministre…

Partant du principe que les salariés n’ont pas le temps de faire du sport le soir et le week-end, le Centre d’analyse stratégique (CAS) suggère aux employés overbookés de s’adonner à leur activité physique de prédilection sur leur temps de travail… et aux employeurs de les y encourager !
Pour convaincre les PDG et les DRH du bien-fondé de cette pratique, le CAS liste les études qui démontrent les bénéfices d’une telle pratique pour l’entreprise. L’institution en profite également pour rappeler l’obligation qu’a tout employeur de veiller à la bonne santé de ses salariés (puisque c’est inscrit dans le Code du travail).
Le CAS cite ainsi une étude suédoise publiée en 2011 dans le Journal of Occupational & Environmental Medicine, selon laquelle le sport augmenterait la productivité des salariés. Les deux psychologues qui ont mené l’expérience s’en sont rendu compte en comparant la productivité de trois groupes de salariés. Le premier n’avait rien changé à ses habitudes de travail, le second avait obtenu 2,5 heures de travail en moins par semaine et le troisième groupe avait écopé de 2,5 heures travail en moins remplacées par du sport. Ces derniers se sont aussi révélés moins absents que les autres.

Moins d’absences chez les sportifs
Une autre étude, menée en Grande-Bretagne par Pricewaterhouse Coopers (PwC) en 2008  confirme l’effet bénéfique du sport sur le temps de présence des salariés : dans les organisations ayant mis en place des politiques globales de santé des salariés, dont l’exercice physique régulier, l’absentéisme a reculé de 30 à 40 %. Le turnover a également diminué de 25 % en moyenne.
Le CAS rappelle enfin que l’Etat néerlandais aurait économisé 325 euros net sur un an par employé, grâce à la mise en place pendant plusieurs mois d’un programme d’incitation à une meilleure alimentation et à la pratique d’un exercice physique sur le lieu de travail, selon une étude publiée dans le Scandinavian Journal of Work en 2004.
Un rapport à déposer d’urgence sur le bureau de votre DRH… après quoi il ne vous restera plus qu’à choisir la discipline sportive qui vous sied le mieux !



Tout savoir sur Groupama Banque par ... la presse !

Diffusion aux adhérents CFDT de la copie du courrier envoyé mercredi 31 octobre par le secrétaire (CFDT) du comité de groupe à Thierry Martel suite à l'annonce d'un Plan de départs volontaires à Groupama Banque...

jeudi 1 novembre 2012

Le coût du travail n’est pas l'alpha et l'omega de la compétitivité"

Alors que la compétitivité et de coût du travail focalisent l'attention des médias, la secrétaire nationale Véronique Descacq précise les propositions de la CFDT.

Les PDG des 98 plus grandes entreprises françaises demandent, au nom de la compétitivité, une baisse du coût du travail de 30 milliards d’euros sur deux ans. Qu’en pense la CFDT ?
Si le coût du travail est un sujet important en matière de compétitivité, il n’est, n’en déplaise à certains employeurs, qu’un des éléments à prendre en compte. Le retard français est dû à d’autres facteurs comme le défaut d’investissement, d’innovation, de R&D, de formation des salariés, ou encore une absence de positionnement dans le haut de gamme, ainsi qu’un dialogue social trop souvent défaillant qui empêche une bonne anticipation. Ce constat, nous l’avons fait conjointement avec le patronat, la CFTC et la CFE-CGC lors de la délibération économique.
Pour autant, on ne peut nier que certaines activités souffrent d’un problème de coût du travail, en particulier dans les activités très exposées à la concurrence internationale. Pour la CFDT, cette question de la concurrence par le coût du travail devrait être en priorité régulée au niveau européen. En effet, 80 % de nos échanges économiques se font désormais au sein de l’Union européenne.

La CFDT a tout de même des propositions à faire au niveau national ?
La CFDT est prête, et nous le disons depuis longtemps, à débattre du transfert des cotisations sociales pour les risques universels vers une contribution plus large que les revenus du travail. Ces risques devraient être financés par tous les revenus (travail salarié, professions non salariées, certains revenus de remplacement, revenus du patrimoine…), car ils bénéficient à tous et pas uniquement aux salariés. D’où notre proposition d’un transfert de ces cotisations vers la CSG, à la condition que cette opération ne pénalise pas le salaire net.
Une chose est certaine : baisser le coût du travail de 30 milliards d’euros en deux ans comme le demandent les 98 grands patrons français est impossible sans toucher au pouvoir d’achat des salariés, ce qui ne manquerait pas d’impacter négativement la consommation, déjà en berne.
Enfin, comme le rappelait François Chérèque en mars dernier, « la compétitivité n’est pas une fin en soi, elle est une condition de l’emploi, de la cohésion sociale et de la croissance ».

Propos recueillis par Nicolas Ballot