Dans une interview aux Echos du 14 novembre 2012, Laurent Berger met la pression sur patronat et lui demande de faire "de véritables propositions" dans la négociation sur la sécurisation de l'emploi.
Le chef de l'Etat a affirmé que le gouvernement « avait pris ses responsabilités » avec le pacte de compétitivité et appelé les syndicats et le patronat à prendre les leurs en concluant un compromis « historique » sur l'emploi. Vous a-t-il convaincu et êtes-vous prêt à jouer le jeu ?
La CFDT était déjà convaincue de l'importance de cette négociation. Nous sommes prêts depuis des mois et nous avons déjà montré notre volonté d'avancer. Si le patronat ne proposait pas de nouveaux droits pour les salariés, nous ne comprendrions pas que le gouvernement maintienne en l'état son pacte de compétitivité.
Début octobre, François Chérèque avait alerté contre le risque d'un « échec historique » de la négociation. Vos craintes ne se sont donc pas apaisées depuis ?
Il y a déjà eu quatre réunions mais la négociation n'a, en réalité, toujours pas commencé. Toutes les organisations syndicales autour de la table ont fait leurs propositions et nous attendons toujours celles du patronat. La balle est dans son camp. Il y a urgence.
Pourquoi dites-vous cela ? Le patronat a fait de premières propositions lors de la dernière séance de négociation, le 25 octobre...
Nous l'avons dit à la sortie de la réunion, ce n'était pas de véritables propositions, c'était de la provocation. Le patronat nous a demandé du temps la dernière fois. C'est pour cela qu'il n'y a pas eu de séance de négociation jeudi dernier. Maintenant, il doit sortir du bois et faire de véritables propositions sur les quatre thèmes de la négociation : lutte contre la précarité, anticipation sur les évolutions de l'emploi, amélioration des dispositifs de maintien dans l'emploi et des procédures de licenciement. Et ce dès aujourd'hui.
C'est-à-dire ?
C'est simple. S'ils nous remettent un texte seulement demain, pendant la séance de négociation, nous ne pourrons pas travailler sérieusement. On aura alors un sérieux problème de méthode.
Concrètement, qu'attendez-vous du patronat ?
Le gouvernement vient de proposer un crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour la compétitivité des entreprises. Ce dispositif ne peut pas exister sans contrepartie pour l'emploi ni garanties nouvelles pour les salariés. Nous attendons du patronat qu'il nous dise ce qu'il tire des propositions des organisations syndicales sur les contrats courts, s'il est prêt à reprendre la demande de la CFDT d'une complémentaire santé pour tous les salariés, les évolutions qu'il propose sur le dialogue avec les représentants des salariés sur les questions économiques, sur l'aide à l'évolution professionnelle des personnels, et notamment la formation, ainsi que sur l'amélioration des garanties pour les salariés licenciés. La CFDT a mis son mandat de négociation sur la table, qu'il fasse de même pour qu'on puisse enfin véritablement commencer à négocier.
S'il ne répond pas à vos demandes, vous envisagez de claquer la porte ?
Ce n'est pas dans les habitudes de la CFDT de claquer la porte. On n'est pas dans du théâtre. Nous mesurerons demain si le patronat a vraiment la volonté de négocier ou pas. Pour l'instant, il n'en a donné aucun signe tangible. Si la négociation ne démarre pas maintenant, nous risquons d'avoir une réaction très ferme.
Propos recueillis par Leïla de Comarmond
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