samedi 10 novembre 2012

Du rififi chez les capitalos !


Inutile de vous précipiter sur un dictionnaire de cinéma ou sur votre moteur de recherche préféré, du « rififi chez les capitalos » n’est pas le titre d’un nanar des années 60 scénarisé par un émule d’Audiard. C’est ce que nous avons trouvé de plus pertinent (et aussi de plus accrocheur) pour évoquer le psychodrame qui a agité le petit monde de la finance suite à la décision de la direction de Groupama de ne pas verser les intérêts, le coupon, du titre supersubordonné FR0010533414 (c’est son nom de code).


Pour nombre d’entre nous, au moins jusqu'à la lecture de la presse économique du lundi 8 octobre, TSS signifiait Tout Sauf Sarkozy ou encore Tarif Spécial de Solidarité (EDF). En finance, les TSS, les titres supersubordonnés, sont des obligations perpétuelles, des emprunts à durée indéterminée dont le remboursement s’effectue au gré de l’ emprunteur. L’intérêt annuel versé est soumis à une condition d’atteinte de résultat. 
Qui pourrait imaginer que les souscripteurs de TSS qui sont des organismes collecteurs d’épargne, des sociétés d’investissement, des fonds de pension, ceux que l’on regroupe sous le vocable des zinzins (les investisseurs institutionnels), ne connaissaient pas le risques encourus ? Le contrat d’émission de l’obligation stipule que l’emprunteur a la possibilité, mais non la contrainte, de verser les intérêts. 

Qui pourrait imaginer qu’un produit d’épargne qui affiche un taux de 6,298% par an ne comporte aucun risque ? 
La décision de ne pas verser les 63 millions d’euros de coupon au 22 octobre 2007 n’est pas passé inaperçue (doux euphémisme). Si la presse économique a relayé l’information de manière objective, il n’en a pas été de même des sites internet spécialisés ou des blogs tenus par des ultralibéraux désorientés mais pas désargentés qui ont fondu sur Groupama comme un nuage de criquets fond sur un champ de sorgho malgache. En organisant un remarquable enterrement de première classe le site contrepoints.org a été en première ligne dans ce matraquage où les rumeurs et les approximations deviennent des vérités assenées ! A la lecture de plusieurs « points de vues » tous plus anxiogènes les uns que les autres, nous n’avons pas trouvé trace du mot « salarié ». 
Et pourtant ils rament les salariés pour expliquer aux clients affolés que le groupe n’est pas en faillite, que leurs économies placées à GG Vie ne se sont pas diluées dans les vagues du tsunami médiatique provoqué par des blogueurs obsédés par les taux d’intérêt et parfois instrumentalisés par une concurrence pas toujours très loyale. Personne n’en parle de ces salariés qui portent le poids des errements capitalistiques d’une mutuelle et de ses dirigeants qui avaient ambitionné, sans rire, de rentrer dans le top 10 des assureurs européens ! Des salariés qui risquent de payer encore pendant plusieurs années par une modération salariale (encore un euphémisme) les conséquences de la crise que traverse le groupe. Les agences de notation fidèles à leur logique purement financière ont bien entendu dégradé la note la communication, pour le moins laconique, de la direction générale du Groupe n’a rien fait pour expliquer les tenants et les aboutissants de la décision qu’elle a prise le 5 octobre sûrement avec l’aval de l’Autorité de Contrôle Prudentiel.

Les négociations salariales s’annoncent difficiles cette année, les salariés de Groupama qui participent par leur travail conséquent au redressement du Groupe aimeraient bien qu’une partie des 41 millions (montant après impôts de l’économie réalisée par le non versement du coupon) viennent récompenser pécuniairement leur investissement (laborieux celui là). Cela ne calmerait sûrement pas le microcosme financier mais viendrait mettre du beurre dans les épinards de salariés qui voudraient bien consommer un peu plus pour remettre la France et l’Europe sur le chemin de la croissance.


Edito extrait du n°9 de la revue nationale CFDT Groupama "Ça se Passe chez Nous"

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