mercredi 12 décembre 2012

Il est interdit d'interdire de trinquer au bureau


Evidemment, l’information est à consommer avec modération. Comme les verres qu’elle autorise de nouveau à boire au bureau. Car les sages du Conseil d’Etat viennent de juger* qu’une interdiction générale et absolue de boire de l’alcool sur le lieu de travail est infondée, en l'absence d'une situation particulière de danger ou de risque. Pas moins. Cette jurisprudence Caterpillar va donc déranger les nombreuses entreprises qui comptaient transformer les pots de fins d’année en anniv’ Champomy.

Ainsi Caterpillar France, le fabricant d’engins de chantier – mais aussi de croquenots –, avait purement et simplement prohibé toute consommation alcoolisée dans ses locaux et l’avait gravé dans le marbre de son règlement intérieur. Pas possible, lui a répondu le Conseil. Encadrer la consommation « à des fins de sécurité du travail » pourquoi pas ? Mais « poser un principe d’interdiction totale », certainement pas. Autant il est logique de ne pas autoriser un conducteur de pelle hydraulique de 35 tonnes à trinquer avant d’y grimper, autant il n’est pas possible de ne servir que des menthes à l’eau à la cantine pour les employés administratifs.

L’interdiction d’une interdiction qui va peut-être freiner l’éclosion d’un phénomène : l’afterwork. Le pot entre collègues, l’apéro d’après-boulot mais à l’extérieur du boulot qui, selon lemonde.fr serait furieusement tendance. De Dunkerque à Perpignan, ou de Nation à Etoile seulement ? Car ce que le site du journal du soir décrit, les retrouvailles entre collègues au bar du coin ou au lounge pas loin, ne concerne que quelques entreprises très parisiennes et quelques cadres tout aussi parisiens. Tenter de se retrouver après le boulot, quand on travaille au fond d’une banlieue, dans la ZI de Saint-Ouen-l’Aumône, ou de Tremblay-en-France, est un poil plus compliqué qu’autour de la bibliothèque François Mitterrand, ou dans le quartier de l’Opéra.

Pas par mauvaise volonté affichée, mais par manque de bistrot lounge avéré. En sortant de leur bureau, les collègues pourront toujours faire quelques kilomètres de bouchons en voiture, traverser quelques échangeurs, pour aller échanger quelques impressions sur les futurs projets de la boite ou le dernier but de Zlatan. Mais pour se retrouver ils devront choisir entre un fast-food et un resto-grill d’autoroute. Moyennement motivant. Pour eux, comme pour nombre de salariés d’entreprises en région, eux aussi excentrés des centres villes festifs, la décision du Conseil d’Etat apparaît comme une bouffée d’air frais en leur permettant de faire à nouveau des apéros pro. Avec modération comme il se doit. Si ça se trouve, les sages de la plus haute juridiction administrative française sont allés en discuter au zinc du quartier.

www.cadremploi.fr

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