vendredi 28 juin 2013
Revue de presse (28/06/2013)
Nomination, inondation, interdiction, disparition et génération...
Diffusion d'une revue de presse aux adhérents CFDT
jeudi 27 juin 2013
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, invité du Grand Jury le dimanche 30 juin 2013 à 18h30
Il sera l’un des premiers à rencontrer Jean-Marc Ayrault la semaine prochaine pour le lancement de la concertation sur les retraites. Laurent Berger et la CFDT ont prévenu : pas question d’accepter une réforme tricotée à la va-vite.
A quelle condition la centrale soutiendra-t-elle le gouvernement ? Quelles sont les lignes rouges à ne pas dépasser ?Alors que le chômage bat de nouveaux records, un autre dossier se profile à la rentrée : la renégociation de l’Unedic. L’indemnisation des demandeurs d’emploi est-elle menacée ? Faut-il baisser le coût du travail ?
L’accord emploi signé en début d’année rentre tout juste en vigueur. Quand les premiers effets s’en feront-ils sentir ? Faut-il aller plus loin, comme le réclame déjà le patronat ?
Les réponses de Laurent Berger devant le Grand Jury, c’est dimanche 30 juin de 18h30 à 19h30 avec Jérôme Chapuis (RTL), Alexis Brézet (Le Figaro) et Eric Revel (LCI)
mercredi 26 juin 2013
Point de conjoncture et situation Groupama vu par Ethix
Diffusion aux adhérents CFDT d'un point de conjoncture et situation Groupama vu par Ethix (expert du Comité de Groupe).
lundi 24 juin 2013
Un salaire important favorise les chances d'avoir une augmentation
Dans le cadre d'une enquête sur les rémunérations perçues en 2012, pour laquelle 15 000 personnes ont participé, la CFDT révèle que l'on a plus de chances d'être augmenté quand notre salaire est déjà élevé.
La CFDT vient de publier les résultats de son enquête sur les rémunérations de 2012. Ouverte à tous, elle a suscité l'intérêt de plus de 15 000 salariés. Avec Orion, l'Observatoire des rémunérations, le syndicat fait le point sur les salaires et sur d'éventuelles augmentations qui semblent dépendre de notre salaire initial.
Des rémunérations jugées peu satisfaisantes
Seuls 24% des personnes interrogées considèrent leur niveau de rémunération comme « tout à fait » ou « plutôt » satisfaisant. Les insatisfaits étaient en général non-cadres. Cela peut s'expliquer par le fait que les augmentations sont souvent liées au niveau de qualification.
Les qualifications, facteur prépondérant pour une augmentation
L'enquête révèle que le niveau de qualification continue à avoir un impact sur la rémunération une fois l'entreprise intégrée. Les diplômés à Bac+5 et plus sont plus à même de recevoir une augmentation que les titulaires d'un diplôme inférieur au Bac. La formation constitue aussi un facteur déterminant.
Être bien payé pour être augmenté
Sur l'ensemble des 15 000 salariés interrogés, les 25% les moins bien rémunérés ont 38% de chances de voir leur salaire augmenter. Tandis que pour les 25% les mieux rémunérés, leurs chances d'être augmentés passe à 53%.
Différences de traitement
Dans tous les cas, sur les 12 derniers mois, moins d'un salarié sur deux a été augmenté dans le privé alors qu'un salarié sur trois a reçu une augmentation dans le secteur public. Les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes ont également été une nouvelle fois démontrées en 2012.
dimanche 23 juin 2013
L'insécurité de l'emploi, première cause de stress des salariés
Selon une étude européenne, 51% des salariés estiment que le stress est répandu sur le lieu de travail. 72% d'entre eux imputent ce stress à l'insécurité de l'emploi et aux restructurations.
Le stress au travail, un mal européen. Selon les résultats d'une étude d'opinion* menée par l'institut MORI pour l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, un salarié sur deux juge ce phénomène " courant ". 16% d'entre eux le pensent même " très courant ". Les femmes sont plus exposées que les hommes à le ressentir (54% contre 49%).
La perception du stress ne se répartit pas également selon les secteurs d'activité. Les professionnels de santé sont les plus nombreux (61%) à affirmer le rencontrer.
Plus inquiétant : 41% des travailleurs européens estiment que cette tension n'est pas bien prise en charge sur leur lieu de travail. Et 15% jugent même qu'on ne s'occupe pas du tout.
Le harcèlement, cause courante de stress
Selon les avis recueillis, la raison la plus courante de ce stress se situe du côté de l'insécurité de l'emploi et des restructurations. Viennent ensuite les horaires et la charge de travail (66%) sauf pour les professionnels de santé qui désignent les horaires comme la cause principale (77%).
Enfin, pour six travailleurs sur dix, le harcèlement et l'agressivité sont une cause courante de stress dans le monde du travail.
*Enquête menée dans 31, pays auprès de 16 622 personnes.
En savoir plus sur http://lentreprise.lexpress.fr/ressources-humaines/l-insecurite-de-l-emploi-premiere-cause-de-stress-des-salaries_41648.html#ftBbFtFUPQjqR2ww.99
mardi 18 juin 2013
Jean-Louis Malys réagit au rapport Moreau sur les retraites
Le secrétaire national de la CFDT en charge des retraites réagit au rapport Moreau et rappelle les objectifs de la CFDT.
jeudi 13 juin 2013
Laurent Berger: "Oui à un rapprochement des régimes de retraite"
A quelques jours de la conférence sociale, le secrétaire général de la CFDT n'est pas hostile à une réduction des disparités entre public et privé. Mais prend aussi ses distances avec la future réforme, qu'il ne veut pas cautionner.
Quelle serait la réforme des retraites idéale selon la CFDT?
Pour nous, il faut que ce soit la durée de cotisation qui soit le paramètre déterminant de l'ouverture des droits, plutôt que l'âge légal. C'est ce qui permettrait de répondre au problème des salariés ayant accompli des carrières longues, mais n'ont pas l'âge requis. Il faut par ailleurs réduire les inégalités entre les hommes et les femmes : la retraite moyenne de celles-ci est de 1 100 euros, quand celle des hommes est de 1 700 euros.
Vous ne revendiquez donc plus un changement radical et le passage à un système par points?
Le fait de choisir la durée travaillée comme référence permet d'obtenir les mêmes résultats en termes de justice, de lisibilité et de libre choix que dans un système par points. Quelqu'un qui voudrait prendre sa retraite avec 38 ou 39 années de cotisation, alors que la durée exigée actuellement est de 41,5 ans, pourrait le faire sans condition d'âge en acceptant de toucher une pension moins importante. Il faudrait toutefois fixer des bornes minimales afin que personne ne puisse partir trop tôt avec une retraite sérieusement amputée.
La justice passe-t-elle aussi par un rapprochement du mode de calcul des pensions dans le public et le privé?
La CFDT plaide pour une remise à plat des régimes de retraite, donc pour une réforme de fond. Nous voulons un système plus juste et plus lisible. Nous sommes favorables à un rapprochement des différents régimes, à condition de prendre en compte la spécificité des carrières et des structures de rémunération, ainsi que la situation des polypensionnés, de plus en plus nombreux, qui sont pénalisés du fait de leur mobilité professionnelle.
Quelles seront les lignes jaunes que la CFDT refusera de franchir?
Le report de l'âge, parce que ce n'est pas juste, qu'il pénalise ceux qui ont commencé à travailler tôt. Une forte baisse des pensions. Une réforme qui se soucierait exclusivement d'équilibre budgétaire, sans tenter de résoudre les inégalités. Enfin, une réforme qui ne s'attacherait pas à réparer les questions de pénibilité.
Vous dites: pas de "forte baisse" des pensions. acceperiez-vous une "petite baisse"?
Non, pas de baisse du tout. Sinon les gens n'auront plus confiance dans la retraite par répartition et seront tentés d'aller vers un système plus individualisé.
Donc, s'il y a une marge de négociation, c'est plutôt sur une moindre indexation des retraites sur les prix?
Et sur une hausse des cotisations. Mais aucune de ces deux mesures n'est une revendication de la CFDT, aucune ne fait partie de notre réforme idéale. Il y a 20 milliards à trouver d'ici à 2020. Le rapport Moreau [chargé de proposer des pistes de réforme] lance la concertation et nous aurons ensuite trois mois et demi pour faire valoir nos positions.
Suffisant pour une vraie concertation?
Si cela dure trois mois, de la conférence sociale (les 20 et 21 juin) à la fin de l'été, oui. Quand il a réuni les partenaires sociaux, le 22 mai, le Premier ministre nous a bien précisé que l'été se terminait le 21 septembre ! La CFDT dira si elle est d'accord ou pas, en fonction des sujets abordés et des mesures proposées. Elle n'a pas la volonté de signer en bas de la feuille car il s'agit d'une concertation et non d'une négociation.
N'avez-vous pas donné le signal de la désindexation en adoptant ce mécanisme pour les régimes complémentaires?
Non, les partenaires sociaux gèrent ce système et ils ont pris leurs responsabilités pour qu'il n'aille pas dans le mur. Nous avons pris soin d'épargner les pensions les plus basses, c'est à remarquer même si cela reste insuffisant. J'assume cette signature.
Peut-on imaginer un front uni avec la CGT sur les retraites?
La première question que nous nous poserons, c'est : que pensons-nous de la réforme ? Quel est le mode d'action adapté ? La CFDT trace son chemin en fonction de ses propres objectifs. Notre détermination et notre méthode paient. Il y aura des moments où nous parlerons avec les autres syndicats, sans ostracisme, mais nous ne nous laisserons pas imposer d'oukase. Il ne suffira pas que l'on nous siffle pour que l'on vienne. Avec la CGT, si nos propositions se rejoignent, on fera ensemble. Sinon, nous dirons nos désaccords, sans qu'il y ait rupture.
La journée du 19 juin marque-t-elle le début d'une action commune?
Attention, cette journée prévoit un rassemblement à Paris, avec quatre [CFDT, CFTC, CGT, Unsa] des cinq membres français de la Confédération européenne des syndicats (CES) et la secrétaire générale de la CES, puis nous serons reçus par François Hollande à l'Elysée. C'est une quinzaine de mobilisations de la CES. Cela porte sur l'Europe, et uniquement sur l'Europe. C'est sur ce mot d'ordre-là que nous nous retrouverons, avec la CGT en particulier. Toute organisation qui voudrait faire du 19 juin autre chose ne serait pas respectueuse de l'engagement pris entre nous. D'ailleurs, nous n'allons pas à la conférence sociale avec une plateforme de revendications communes et nous n'avons pas prévu d'autres actions.
Cette conférence s'annonce plus compliquée qu'en 2012...Un fort sentiment d'impuissance, qui n'existait pas l'année dernière, domine. Je crois qu'il faut donner un cap plus clair.
Sur le chômage, le pari de François Hollande d'inverser la courbe d'ici à la fin de l'année est-il tenable?
Ça me paraît difficile de tenir ce délai. Mais le vrai sujet, c'est : comment fait-on pour que le chômage baisse ? Le problème n'est pas de savoir si tel ou tel a gagné son pari. On n'est pas en train de jouer. Il faut que la conférence sociale sonne la mobilisation générale contre le chômage.
Elle n'est pas déjà engagée?
Aujourd'hui, il y a 5 millions de chômeurs. Et chaque mois, on a l'impression qu'on attend le mois prochain. Les emplois d'avenir ont du mal à trouver preneurs, les entreprises ne se précipitent pas sur les contrats de génération et la formation des chômeurs diminue. La mobilisation des acteurs n'est pas suffisante sur le terrain. Le gouvernement commence à remuer les préfets sur les contrats d'avenir, mais il doit aller plus loin. Il ne suffit pas de créer des outils, il faut mouiller la chemise ! Ça fait des mois que je dis que, sur l'emploi, on est trop atone, il faut se secouer !
Pôle emploi peut-il absorber la charge qu'on lui impose?
C'est trop facile de taper sur Pôle emploi. La mobilisation est de notre responsabilité à tous. On estime à 250 000 le nombre d'emplois non pourvus. Comment proposer aux chômeurs des formations très souples, rapidement ? Sur les emplois d'avenir, il faut mobiliser fortement les collectivités locales. Souvenez-vous, lorsque les emplois jeunes ont été créés, et même s'ils n'étaient pas parfaits, ils ont été vendus sur le terrain par des "promoteurs"...
Faut-il ouvrir, comme le demande le patronat, une négociation "marché du travail 2"?
Que le patronat se concentre sur la mise en oeuvre de l'accord de janvier ! Le reste n'est pas à l'ordre du jour pour la CFDT. La seule chose qui manquait dans le premier volet, c'est la formation professionnelle, et notamment son accessibilité aux salariés les moins qualifiés. Elle figure au menu des 20 et 21 juin, même si tout le monde ne l'a pas souhaité.
Dans la future négociation sur l'assurance chômage, vous refuserez donc la dégressivité des allocations?
A ceux qui défendent cette idée, je réponds : où sont les emplois que les chômeurs pourraient reprendre ? Les 250 000 emplois non pourvus dont je parlais à l'instant existent parce que l'on n'a pas anticipé, pas parce que les gens n'ont pas envie de travailler. Tant que le chômage est à ce niveau, il n'est pas envisageable de baisser les indemnités.
Etes-vous inquiet des positions patronales actuelles?
Nous sommes dans un moment d'incertitude, puisque la patronne du Medef ne sera plus là dans un mois et demi. Mais il faut que le patronat assume ses responsabilités de négociateur. Ce serait un drame qu'il déserte le terrain du dialogue social ou considère que le social n'est qu'un sous-produit de l'économie. Ne revenons pas en arrière. Je souhaite que le prochain président ne soit pas dans cette logique.
Quelles propositions allez-vous faire sur le dialogue social?
Nous allons pousser à la création d'une "contribution à l'adhésion syndicale" versée par l'employeur aux salariés. J'attends aussi que le président de la République confirme l'inscription du dialogue social dans la réforme constitutionnelle. C'est une de ses promesses. Il doit la tenir. L'accord emploi de janvier a montré que la méthode du dialogue social portait ses fruits.
Voilà six mois que vous êtes n° 1 de la CFDT. Quelle a été la bonne surprise de ces débuts?
La bonne surprise, ça a été le bon résultat de la CFDT obtenu lors de la mesure de la représentativité syndicale et la fierté qu'en ont éprouvée les militants. C'est aussi la cohésion interne et le soutien qu'expriment les militants à mon égard.
Et la mauvaise surprise?
Le manque d'idées dans ce pays. Il y a beaucoup d'inertie de tous côtés. Regardez l'opposition : elle passe son temps à faire des commentaires à la petite semaine, sur le fait du moment. Sans jamais mettre les sujets en cohérence.
C'est un travers que vous remarquez aussi dans la majorité?
Oui. J'ai été le premier à dire, il y a un an, qu'au discours du "subi" et de "l'effort" il fallait substituer celui de "la mobilisation" et de "l'espoir". La conférence sociale doit être l'occasion d'un nouveau pas dans cette direction. Fixons un cap mobilisateur !
http://lexpansion.lexpress.fr/
vendredi 7 juin 2013
« Le cri du Coeur »… Au coeur de la manipulation
Dans une récente publication (Le bloc-notes du 12/05/2013, article « le cri du coeur ») la CGT de GCA s’en prend violemment aux autres organisations syndicales de notre entreprise qui sont accusées de « spolier » les salariés en acceptant « un deal de dupe » ! Nous avons décidé, sans nous placer dans le même champ lexical, de rétablir ici quelques vérités.
A la demande de la délégation syndicale CGT, la Direction a ouvert une négociation pour modifier l'accord du Comité d'Entreprise et mettre ce dernier en conformité avec la loi sur la représentativité syndical qui prohibe un vote aux élections du CE site par site comme cela était le cas à GCA pour le collège « employé ».
Après plusieurs réunions, un accord a été trouvé entre la direction et 4 syndicats représentatifs (CFDT, CFE-CGC, FO et UNSA). La CGT, pourtant à l’origine de la demande, n’a pas signé.
Lors de la négociation, plusieurs organisations syndicales ont souhaité que, au titre de la législation et de la réglementation en vigueur, les différentes dotations de l’employeur au Comité d’Entreprise soient distinctes.
Les simulations réalisées lors de ces négociations ont montré une baisse de l'enveloppe purement consacrée aux activités sociales, les organisations syndicales signataires ont donc demandé et obtenu une augmentation de l'enveloppe oeuvres sociales permettant, après nouvelle répartition des charges, de maintenir le niveau des oeuvres sociales de GCA.
En effet, le nouvel accord stipule que la dotation totale sera de 1,58% de la masse salariale (contre 1,50% auparavant) dont 0,20% de budget de fonctionnement et 1,38% pour les oeuvres sociales.
Il n'est aucune intention de spolier les salariés en terme d'actions sociales, mais bien de pérenniser le bon fonctionnement du CE.
Il n’est pas non plus question d’un quelconque « deal de dupe» qui aurait permis de maintenir un plus grand nombre d’élus au Comité d’Entreprise.
Au fil des années la paranoïa entretenue par nos « gentils camarades » de la CGT a rendu impossible la création d’un large front syndical espéré par beaucoup de salariés.
Nos organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, FO et UNSA) sont toutes différentes et n’ont pas forcement la même conception des relations sociales mais elles savent, comme en témoigne l’accord relatif à l’organisation du Comité d’Entreprise, faire fi de leurs différences pour mettre en conformité le financement et la gestion du CE dans le but de pérenniser son action qui sert les intérêts de l’ensemble des salariés.
CFDT, CFE-CGC, FO, UNSA GCA, 05 juin 2013
mercredi 5 juin 2013
“Nous ne vivons pas une crise mais une mutation profonde que l’ensemble des acteurs n’a pas su anticiper”
Interrogé dans Le Nouvel économiste, Laurent Berger voit dans le dialogue social un vecteur d’avancées pour les droits des salariés mais aussi un outil de compétitivité pour les entreprises.
Si, à l’heure actuelle, le climat social est inquiétant c’est parce que la situation sociale est dégradée. Parce qu’il y a en France 5 millions de chômeurs, 9 millions de précaires et une pauvreté qui progresse. Ce ne sont ni les courbes du chômage, ni les grandes moyennes qui nous sont présentées qui sont inquiétantes mais cette réalité sociale.
Ce quotidien vécu par des millions de personnes qui peinent à boucler les fins de mois pour cause de chômage ou de temps partiel subi, qui s’inquiètent de leur avenir et de celui de leurs enfants parce qu’il n’y a pas suffisamment de créations d’emplois, qui ont peur de perdre leur poste parce qu’ils n’ont pas eu de formation professionnelle depuis des années et qu’ils savent que, si un jour leur entreprise décide de se séparer d’eux, ils auront beaucoup de mal à se repositionner sur le marché du travail… Ce sont les difficultés réelles et quotidiennes de millions d’hommes et de femmes qui rendent le climat social préoccupant, ce qu’on a tendance à oublier à force de raisonner uniquement en termes de statistiques chiffrées.
Oui le climat est tendu, mais ce qui me paraît plus dangereux encore, c’est le pessimisme ambiant ; ce sentiment qu’il n’y a plus rien à faire, que le chômage et les destructions d’emplois sont désormais des fatalités, qu’il ne reste plus qu’à pointer des responsabilités au lieu d’agir pour tenter de changer les choses. Mais nous, nous ne sommes pas de ceux qui renoncent. Notre rôle consiste à nous engager pour faire bouger les lignes et c’est ce que nous avons fait en signant l’accord du 11 janvier sur la flexisécurité de l’emploi.
Les responsabilités collectives
Je pense que cette situation résulte de responsabilités collectives. Que nous ne vivons pas une crise mais une mutation profonde que l’ensemble des acteurs – politiques, économiques, syndicaux… – n’a pas su anticiper. Il est clair que la financiarisation de l’économie a emmené beaucoup d’entreprises à accorder une place surdimensionnée au capital par rapport aux autres dimensions de l’entreprise, ce qui a eu pour effet de rompre les équilibres, mais comme selon moi le rôle du syndicalisme consiste à peser sur les choix économiques, nous avons aussi à nous interroger.
Ainsi, nous n’avons pas toujours été conscients du fait que nous assistions à la fin d’un certain modèle de production et que, en voulant parfois protéger – et à juste titre – les salariés d’un certain nombre de difficultés, nous nous cantonnions à jouer les pompiers au lieu de nous placer dans l’anticipation.
De notre côté, nous disons depuis longtemps que, pour lutter contre la précarité de l’emploi et la croissance du chômage, mieux vaut travailler sur les parcours professionnels et sur les droits attachés à ces parcours plutôt que sur le code du travail. C’est parce qu’à la CFDT nous en sommes convaincus que nous avons récemment signé l’accord du 11 janvier qui dégage certaines marges de manœuvre au sein des entreprises afin de leur permettre de s’adapter à cette nouvelle conjoncture économique et de préserver l’emploi en ajustant, temporairement et par la négociation, les conditions – en terme de rémunération et de temps de travail – plutôt que de licencier à la première difficulté.
L’accord du 11 janvier
Cet accord nous paraît extrêmement prometteur. D’abord parce qu’il accorde des droits nouveaux aux salariés les plus fragiles en s’attachant à leur parcours professionnel et non à leur contrat, ce qui constitue une étape fondamentale dans la sécurisation des parcours professionnels, laquelle passe par le compte personnel de formation, le droit à la complémentaire santé, l’assurance chômage, etc. Deuxième point, cet accord prévoit des dispositifs adaptés pour préserver l’emploi – dans le cadre du dialogue social – dans les entreprises en période de tension économique.
Enfin, il facilite l’anticipation économique et sociale en octroyant de nouveaux droits aux représentants du personnel. Des droits qui leur permettent désormais de ne plus, encore une fois, limiter leur rôle à celui du pompier pour être davantage dans le dialogue avec les dirigeants et, au final, peser plus sur les stratégies d’entreprises.
Ces différents points ont pour effet de restaurer une capacité de dialogue et d’action au sein des entreprises si bien que, si chacun des acteurs qui l’ont signé – y compris du côté du patronat- jouent le jeu, il y a là de quoi faire réellement bouger les choses. Avec cet accord, on change le paradigme entre l’économique et le social, le second cessant d’être le supplétif, la part variable, du premier. Désormais, les deux sont imbriqués ce qui est tout sauf anodin dans un pays qui, comme le nôtre, souffre d’un manque de coopération. En clair, avec cet accord, on réintroduit de la marge de manœuvre et on se dote d’un outil qui permet de préserver l’emploi.
La conférence sociale
Nous attendons de la conférence sociale qu’elle soit fortement centrée sur l’emploi. Les grands thèmes devant tout d’abord porter sur le soutien aux chômeurs et le retour à l’emploi – qui suppose une bien meilleure mobilisation et coordination des dispositifs déjà existants puisque, pour l’heure, chacun (régions, entreprises, chambres de commerce…) agit dans son coin – et la réforme, ou du moins l’adaptation de la formation professionnelle. Celle-ci doit être davantage accessible à ceux qui en ont le plus besoin – comme les chômeurs et les salariés les moins qualifiés – pour donner à chacun plus de chance de s’insérer ou de se maintenir au travail. Autre problématique majeure : quels emplois pour demain ?
De notre côté nous pensons qu’il faut travailler sur la transition énergétique et sur les emplois qui en découleront car il n’y aura pas de mutation économique réussie sans transition professionnelle travaillée et accompagnée. Il est d’ailleurs frappant de constater que, sur certains secteurs, on peut aujourd’hui être en manque de salariés qualifiés tout simplement parce qu’on n’a pas su anticiper le besoin. Se préparer aux emplois de demain devra donc être un des sujets majeurs de la conférence.
Enfin, il faudra aborder la réalité du dumping social à l’intérieur même de l’Europe. On nous vante souvent le modèle allemand mais je rappelle que, si des abattoirs ferment en France, c’est aussi parce qu’il existe là-bas des salariés à bas coût et que la mobilité permet parfois aux entreprises d’en tirer profit. La conférence sociale doit donc travailler sur l’Europe en tant qu’opportunité de développements économiques et de transitions professionnelles mais aussi en tant que vecteur de risques sociaux. A cela s’ajoutent bien sûr la question des retraites et de la santé au travail.
La réindustrialisation
Il n’y aura pas de performance économique en France sans industrie forte, c’est pour moi une certitude. Je ne crois pas à la fin de l’industrie et je pense que ce serait une grosse erreur de faire comme si, désormais, on devait s’en passer. Il faut, au contraire, réfléchir à l’avenir du secteur industriel et le préparer pour mieux préserver ses activités. Prenez l’exemple des chantiers navals à Saint-Nazaire : dans un pays doté d’autant de façades maritimes et avec tout ce que recèlent les océans, y compris en terme de transition énergétique avec l’éolien marin, imaginer pouvoir se passer d’un outil performant dans le secteur de la construction navale n’a pas de sens.
Même chose avec l’aéronautique. L’industrie n’est pas en déclin par nature. Il faut sans cesse s’interroger sur les moyens de la renouveler, travailler sur les métiers de demain, réinventer la politique industrielle, la rendre plus performante… Cela passe par l’emploi et la R&D, bien sûr, mais il est clair que notre politique industrielle n’aura de sens que si on l’accompagne d’une politique européenne.
Réforme des retraites
Ce que nous souhaitons concernant les retraites c’est une réforme de fond qui permette de réduire les inégalités au sein du système actuel. Il faut, bien évidemment, sauver la retraite par répartition, qui est le système pérenne et solidaire par excellence, mais nous voulons le faire en réduisant les inégalités qu’elle a créées au fil du temps. Je pense aux inégalités hommes-femmes – la retraite moyenne des hommes est supérieure à 1 600 euros, celle des femmes se situe à un peu plus de 900 euros -, aux gens qui ont eu des carrières morcelées, aux polypensionnés, qui ont cotisé dans deux régimes, privé et public, et qui sont pénalisés par des règles qui se cumulent difficilement, à ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui sont confrontés à la pénibilité du travail… La réforme de fond doit déboucher sur un système plus juste et plus lisible. Surtout, il y a aujourd’hui des inégalités fortes dans le système qu’il faut réduire.
Le combat syndical
Les idéaux ne sont pas incompatibles avec le dialogue social. Le moteur de l’engagement syndical reste, bien sûr, la volonté de changer les choses mais, pour moi, le syndicalisme aujourd’hui implique de regarder la réalité telle qu’elle est et d’en faire une critique constructive pour pouvoir la changer. Et pour la CFDT, le changement passe par une voie privilégiée qui est celle du dialogue social, ce qui n’exclut pas le rapport de force. Le dialogue social, la négociation, ce n’est pas une version molle de l’action syndicale mais le moyen efficace de faire émerger des compromis.
Ce qui, encore une fois, n’exclut pas l’action collective ou la volonté de combattre certaines réformes ou décisions lorsque c’est nécessaire. C’est cette capacité à mener à bien des négociations pour agir qui, selon moi, distingue les deux types de syndicalismes actuels : l’un se limitant à la contestation, l’autre allant jusqu’à l’engagement dans l’action. La CFDT se situe dans la seconde catégorie, elle l’a prouvé en signant l’accord du 11 janvier.
Le dialogue social
Encore une fois, privilégier le dialogue social ne signifie pas se situer dans un syndicalisme mou mais être capable de s’engager dans du changement, de prendre position sur des propositions dès lors que celles-ci sont susceptibles de déboucher sur plus de justice sociale. C’est un syndicalisme convaincu, basé sur des valeurs et des objectifs. Un syndicalisme moderne qui n’a pas honte de peser dans certains changements mais qui ne fonctionne pas selon une logique d’opposition systématique.
Personnellement, et même si à la CGT et ailleurs nous avons été très critiqués pour cela, je suis fier d’avoir signé cet accord du 11 janvier, parce que je pense que cela nous a permis d’être utiles aux salariés, au monde du travail et à la société dans son ensemble en favorisant l’emploi plutôt que le chômage. Nous sommes le syndicat le plus implanté dans les entreprises privées et je fais confiance à nos représentants pour savoir ce qui est bon pour les salariés.
Reste que, c’est indéniable, il existe à l’heure actuelle deux types de syndicalisme. L’un plutôt réformiste, l’autre plutôt contestataire, et force est de reconnaître que le second profil convient bien à certains chefs d’entreprise qui, au final, préfèrent parfois avoir à gérer une bonne contestation qu’une approche de concertation qui emmènerait des syndicalistes à se mêler un peu trop de stratégie.
La compétitivité
Ma conception des choses est que la société, tout comme le monde du travail, est traversée d’intérêts contradictoires et que ce qui fait une société démocratique c’est la capacité de chacun à confronter ces intérêts divergents pour en faire émerger des compromis. Chaque fois que, dans une société, on a fait en sorte que l’un l’emporte sur l’autre, on a créé des dictatures. Il faut donc que salariés et syndicalistes comprennent que c’est le dialogue social qui peut faire avancer leur situation et que, de leur côté, les chefs d’entreprise comprennent que le dialogue social n’est pas une contrainte de plus mais un facteur de compétitivité. Louis Gallois l’a dit dans son rapport : la France perd environ deux points de PIB parce qu’elle n’a pas intégré le dialogue social comme étant un facteur de compétitivité. Et lorsque l’on parle des performances de l’Allemagne, on oublie souvent de dire que l’un des facteurs de sa compétitivité tient dans sa capacité de dialogue social.
La culture du conflit
Nous sommes dans un pays assez marqué par la culture du conflit. Personnellement, le conflit d’intérêts divergents ne me fait pas peur, mais je pense qu’il doit servir à faire émerger des compromis. C’est absolument nécessaire pour obtenir des avancées, des droits nouveaux pour les salariés. C’est ce qui s’est produit avec cet accord du 11 janvier. Or en France, beaucoup confondent compromis et compromission. Pourtant, qu’on le veuille ou non, le compromis est ce qui permet à toute société, tout collectif, de fonctionner.
Encore une fois, cela n’empêche pas d’être en désaccord avec certaines stratégies. Cela permet de faire preuve de pragmatisme pour protéger les salariés en période de tensions économiques. Car si on donne un peu de marge de manœuvre aux entreprises, les salariés verront leurs intérêts défendus. Je le répète, la position de la CFDT consiste à promouvoir la justice sociale ; pas à faire la démonstration de certains principes par la politique du pire.
Le syndicalisme moderne
Je pense qu’une des missions essentielles du syndicalisme aujourd’hui consiste à protéger davantage ceux qui sont exclus du marché du travail, tous les salariés fragilisés – on peut être en CDI et en précarité parce qu’on a un temps partiel imposé ou qu’on est sur un emploi peu qualifié… -, ceux qui sont en risque de perdre leur travail, les chômeurs qui arrivent en fin de droit, etc. Pour cela il faut, sur chaque population, regarder où sont les priorités en terme de justice sociale. Pour donner plus à ceux qui ont le moins à l’aide de politiques ciblées.
Pour moi c’est cela le syndicalisme moderne : un engagement porté par du sens – la recherche de l’intérêt des salariés – et du pragmatisme parce qu’on est confronté à des réalités économiques qui l’exigent.
Par ailleurs, on désigne toujours le syndicalisme comme unique responsable de notre incapacité à nous adapter aux difficultés actuelles mais j’insiste sur le fait que, pour dialoguer, il faut être deux, et que certaines entreprises portent une lourde responsabilité dans la crise que nous traversons parce qu’elles n’ont pas su faire du dialogue social un outil de performance. Sur ce plan, il y a une révolution idéologique à mener auprès du patronat afin de changer cette vision erronée. Les syndicalistes ne sont pas des anti-entreprises et leur action ne se limite pas à des manifestations. Ce sont aussi des représentants du personnel qui se battent chaque jour pour faire émerger des propositions. Pour trouver des solutions. Et qui, le plus souvent, le font par la voie du dialogue social.
Le terrain
Bien sûr il arrive que surviennent des désaccords entre le siège et la base. En ce qui me concerne, je vais une fois par semaine à la rencontre des équipes syndicales, pour prendre la température, pour comprendre ce qui se passe et pour que mon action de responsable national soit nourrie de réalités. Cela permet de rester humble, de capter les inquiétudes et de ne pas se couper du terrain. Quand des divergences existent il faut chercher à les expliquer mais globalement la CFDT est une organisation qui fonctionne bien. Nous sommes implantés dans tous les champs professionnels (à 65 % dans les entreprises du privé et à 35 % dans le public) et nous sommes à jeu égal avec la CGT dans les entreprises parce que nous assumons notre position de syndicaliste réformiste, tourné vers l’engagement et donc, capable d’agir.
Nous sommes dans une société qui souffre d’un excès de commentaire et d’analyse. Pour moi, le commentaire, c’est le travail d’autres – d’experts, d’intellectuels, de journalistes… De notre côté, nous devons nous situer dans la proposition, dans l’engagement pour obtenir des avancées et dans l’action. Le statu quo est plus confortable pour chacun de nous mais collectivement, il nous emmène dans le mur. D’autant plus que nous vivons une crise de responsabilité : chacun doit en prendre sa part car se stigmatiser les uns les autres – patrons contre syndicats, syndicats contre patrons – ne nous fera pas avancer. La seule issue passe par le fait de confronter nos points de vue afin de nous mettre en capacité de trouver des solutions.
Propos recueillis par Caroline Castets
lundi 3 juin 2013
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