Dans une interview accordée à La Croix en date du 30 mai 2012, Laurent Berger, secrétaire général adjoint de la CFDT, revient sur la première rencontre entre le Premier ministre et les partenaires sociaux.
La CFDT réclame davantage de place pour le dialogue social. Comment jugez-vous la méthode du gouvernement ?
Au-delà du fait qu’elle est nouvelle, la méthode est surtout positive par rapport à ce que nous avons connu précédemment. Il y a manifestement une volonté de dialogue tant sur la méthode que sur le fond.
Il y aura une deuxième étape avec une conférence pour définir la méthode de traitement de chaque sujet le 5 juin, avant la conférence sociale, qui lancera les dossiers sur le fond, prévue à la mi-juillet. C’est le signe positif d’une nouvelle dynamique dans les relations entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Mais il faudra que cette méthode de travail soit durable car ce qui importe, c’est que le dialogue social puisse devenir un vrai complément de la vie politique. Il faudra aussi qu’elle produise des résultats pour les salariés. Nous jugerons le gouvernement sur ce double critère.
Sur les plans sociaux, que doit faire l’exécutif selon vous ?
C’est le sujet le plus chaud. La CFDT souhaite la mise en place d’une délégation interministérielle qui permettrait d’anticiper et de gérer les plans sociaux, puis de s’occuper du parcours de salarié après sa perte d’emploi. Mais il faut gérer les solutions au cas par cas et ne pas croire aux solutions miracles.
Il serait tentant de légiférer sur la question des licenciements boursiers. Mais il faut savoir ce qu’on entend par là. Si dans certaines entreprises, le plan social répond à une pure logique financière, dans d’autres il s’agit d’anticiper une vraie difficulté à venir. Il faut pouvoir apprécier dans quelle situation on se trouve.
Et plutôt qu’interdire les licenciements, les rendre plus coûteux pour les entreprises qui en abusent ou les utilisent pour des motifs financiers. En revanche, le fait d’obliger une entreprise qui veut fermer un site rentable à le céder à un repreneur, comme le souhaite le gouvernement, est une bonne idée.
Sur le décret retraites, êtes-vous satisfait du projet du gouvernement ?
La CFDT est bien sûr favorable à ce que ceux qui ont cotisé 41 ans et commencé à travailler à 18 ans puissent partir à 60 ans. Nous souhaitons que les salariés qui ont validé des trimestres de chômage puissent en bénéficier.
A priori, cette mesure devrait coûter moins cher que ce que l’équipe de campagne avait calculé. Cela devrait donner des marges pour le faire. En revanche, nous ne demandons pas que le congé parental soit pris en compte car nous ne sommes pas pour favoriser un retrait des parents du marché du travail.
Que demandez-vous sur le Smic ?
La CFDT est favorable à un coup de pouce mais nous avons rappelé au gouvernement qu’il n’y a pas que le smic, qui concerne 15 % des salariés. Il faut agir sur toute la grille salariale, en conditionnant à des progressions de tous les salaires les allègements de charges consentis aux employeurs jusqu’à 1,6 fois le Smic.
Propos recueillis par Nathalie Birchem
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