Pas à pas, Groupama relève la tête. Le groupe mutualiste français, qui avait frôlé le pire à l'automne dernier, a quasiment bouclé son programme de cessions d'actifs présenté en mars. Il a annoncé vendredi être entré en négociations exclusives avec le belge Ageas pour la vente de ses activités dommages britanniques. Cette filiale a dégagé un chiffre d'affaires de 490 millions d'euros en 2011.
Depuis le printemps, le français s'est délesté de plus de 1,5 milliard d'euros d'actions, ainsi que de ses filiales polonaise et espagnole, des portefeuilles de Gan Eurocourtage, ou encore de l'immeuble de Virgin sur les Champs-Élysées. Seule la filiale de capital-investissement, Groupama Private Equity, cherche encore un repreneur.
Cette série de ventes, dont les produits apparaîtront dans les comptes du deuxième semestre, va apporter une bouffée d'air bienvenue à Groupama. Sous le choc de la chute des marchés et des plans de restructuration de la dette grecque, la solvabilité du groupe avait frôlé les minimums réglementaires en novembre dernier, alors que la compagnie affichait une perte historique de 1,8 milliard d'euros au titre de l'exercice 2011 et que l'ancien DG, Jean Azéma, était débarqué.
À fin juin, la solvabilité s'était redressée à 113 %, un niveau encore fragile pour le secteur, que l'assureur compte faire remonter à 120 %, d'ici à la fin de l'année. Après une perte limitée à 90 millions d'euros au premier semestre, il vise de même l'équilibre, du moins pour les activités opérationnelles, pour la fin décembre. À cette date, il devra avoir remboursé à la Caisse des dépôts les 300 millions d'euros que l'institution lui avait prêtés, contre une rémunération élevée, en décembre dernier.
Au cœur de la tourmente, fin 2011, Thierry Martel et Christian Collin, le nouveau tandem à la tête de Groupama, avaient planché, avec leur banque conseil Morgan Stanley, sur l'éventualité de céder la filiale de dommages, Gan Assurances, et les portefeuilles d'assurance-vie. Des pistes vite abandonnées. Le groupe estime ne pas en avoir besoin pour stabiliser son périmètre.
Équilibre précaire
Les perspectives de la filiale d'assurance-vie suscitent toutefois de nombreuses craintes. Les portefeuilles sont en effet réputés particulièrement risqués. Par ailleurs, Groupama reste bien plus exposé que ses concurrents aux marchés actions. L'équilibre est donc précaire: un retournement des marchés viendrait fragiliser l'édifice fraîchement rétabli. Les efforts d'assainissement n'ont d'ailleurs pas impressionné l'agence de notation Standard & Poor's. Fin juin, elle avait dégradé une nouvelle fois la notation de l'assureur, la plaçant en catégorie spéculative.
La compagnie devra donc pendant encore de longs mois être pilotée au plus près. À cette fin, elle a renouvelé une partie de sa direction, en accueillant notamment à son conseil d'administration l'ancien PDG d'Aviva France, Bruno Rostain. La prochaine échéance en termes de gouvernance concerne le départ du président Jean-Luc Baucherel, annoncé pour la fin de l'année. Le vice-président, Jean-Yves Dagès, tiendrait la corde pour le remplacer.
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