Depuis quelques semaines, il faut l’autorisation de Groupama pour arpenter le vaste domaine forestier de Cobazet (1 900 ha), qui comprend notamment le pic de Madres, destination mythique des randonnées de la vallée de la Castellane.
En effet, Groupama se réserve en effet le droit de refuser l’entrée aux marcheurs. Et les demandes doivent être déposées 48 heures à l’avance à Perpignan ( Pyrénées- Orientales). Les gardes forestiers assermentés refoulent les « sans-papiers officiels ». « Groupama fait pression pour que le refuge de Caillau ne soit pas réhabilité pour accueillir les randonneurs qui font le tour du parc naturel Région des Pyrénées catalanes », s’emporte Henry Sentenac, maire de Mosset, alors que la colère monte de tous les versants. « Ils ne veulent pas d’un Disneyland sur leurs terres. Mais il n’a jamais été question de faire Disneyland à 2 000 m d’altitude, juste de pouvoir héberger quelques dizaines de randonneurs chaque nuit à la belle saison. »
Les promeneurs ne comprennent pas que l ’accès soit limité.
Henry Sentenac accuse aussi Groupama de vouloir réserver le cadre prestigieux du pic de Madres à des chasses privées au mouflon, au cerf et au grand tétras, avec des licences à 3 750 € par an, qu’aucun chasseur du secteur ne peut payer. Sur le chemin qui conduit au domaine de Cobazet, Krista Nijstad et John, randonneurs d’un groupe du nord des Pays-Bas, tombent des nues. « Nous avons fait 600 km pour cette randonnée dans le cadre merveilleux de Madres. J’étais venu voilà quinze ans, il n’y avait aucun problème. Je ne comprends pas cette mesure, même si un propriétaire a le droit de choisir qui il veut inviter chez lui. » « C’est la démocratie à l’envers et une situation aberrante », ajoute Pierre Charrier, de Counouzouls — un irréductible village audois qui concentre le plus fort mécontentement, à 8 km du col de Jau. « Cela fait cinquante ans que nous randonnons au pic de Madres. Et dire que Groupama, en grande difficulté, est renfloué par nos impôts… » Pendant que des pétitions voient le jour, Groupama reste muet et collecte les rares demandes officielles. « Je viens de prendre un arrêté réglementant la traversée de la forêt domaniale de Mosset, contre-attaque Henry Sentenac. Pour accéder à leur domaine, les gens de Groupama devront demander une autorisation en mairie. » La guerre des sentiers ne fait que commencer.
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