Comment s'est déroulé la deuxième séance de négociation sur la sécurisation de l'emploi, consacrée à la lutte contre la précarité, ce 11 octobre ?
Chaque délégation a présenté ses propositions et mis des mots derrière les dispositifs avancés. À l'issue de cette séance, nous avons remis en cause la méthode, car il nous a semblé que nous pouvions traiter plusieurs sujets par séance pour aller plus vite. Nous avons donc convenu de traiter au moins les points « anticipation » et « maintien dans l'emploi » la semaine prochaine séance et les procédures de licenciements collectifs le 25 octobre. Cela nous permettra d'avoir un premier squelette de texte dès le 9 novembre. La situation ne nous autorise pas à perdre du temps. Il faut entrer au plus vite dans le cœur de la négociation pour voir où placer le curseur afin d'aboutir à un accord équilibré sur les quatre thèmes qui fasse sens pour les salariés, pour les entreprises, pour l'emploi.
Qu'a défendu la CFDT lors de cette deuxième séance de négociation, qui portait sur la lutte contre la précarité sur le marché du travail ?
Nous avons réinsisté sur la nécessité de mettre fin à la situation d'un marché du travail coupé en deux entre la majorité des salariés et ceux qui subissent de plein fouet la flexibilité : salariés en CDD et intérimaires, salariés à temps partiel subi, majoritairement des femmes.
Pour cela, nous voulons que les représentants du personnel aient un droit de regard sur l'utilisation des contrats précaires, du temps partiel et de la sous-traitance et puissent l'encadrer par la négociation. Cela passe aussi par une incitation financière à l'utilisation responsable des contrats de travail : modulation de la cotisation d'assurance chômage selon la durée du contrat, cotisation forfaitaire pour les contrats de travail inférieurs à 20 heures par mois, majoration des heures complémentaires.
Nous revendiquons par ailleurs des droits rechargeables à l'assurance-chômage, qui permettraient aux salariés précaires d'avoir plus facilement accès à la formation. Ceux-ci doivent également bénéficier d'un accompagnement renforcé pour favoriser leur retour à l'emploi. De la même façon, réduire la précarité des salariés qui subissent le temps partiel nécessite de leur ouvrir l'accès aux droits sociaux dès la première heure travaillée et de renforcer le bénéfice du droit individuel à la formation.
Enfin, une proposition qui nous tient particulièrement à cœur est de généraliser l'accès aux complémentaires santé et prévoyance, déterminante dans l'accès aux soins, afin de réduire les inégalités de couverture des salariés, dans et en dehors de l'emploi.
Quelle est la position des autres partenaires sociaux sur ces sujets ?
Nos thèmes, malheureusement, ne sont pas repris par tout le monde. Mais il y a des convergences entre les délégations syndicales : lutter contre le temps partiel subi, encadrer le recours aux contrats précaires et aux formes abusives de sous-traitance, inciter financièrement à des comportements plus vertueux, encadrer les groupements d'employeurs, renforcer l'accès aux droits sociaux des salariés précaires, renforcer le dialogue social avec les représentants du personnel sur ces questions.
En revanche, j'ai un soupçon d'inquiétude concernant la délégation patronale. Ça fait déjà deux séances de négociations et on ne voit toujours pas se dessiner les attentes du patronat. On n'a pas l'impression qu'ils aient beaucoup travaillé le sujet. Ils ne jouent pas le jeu pour le moment. Or nous ne sommes pas là pour jouer la montre.
Propos recueillis par Aurélie Seigne
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